Faisons circuler !

21.03.2023
1/2023

Selon les historiens, au Moyen-Âge, les paysans ne vivaient pas le temps comme une période linéaire, mais comme un cycle de saisons, à l'image du fonctionnement de la nature. La vie n'était pas orientée vers un avenir lointain, mais vers la prochaine étape du cycle des saisons, des semailles et des récoltes.

Avec l'industrialisation, nous avons introduit un changement essentiel: nous vivons de manière linéaire. Nous laissons les choses derrière nous. Nous prospectons, raffinons, produisons et consommons. Pour des raisons économiques, nous avons intérêt à "surconsommer" au détriment de l’équilibre planétaire. Avec l'économie linéaire, nous aurons besoin en 2050 de trois fois plus de ressources que la Terre ne peut en fournir.

Nous devons faire en sorte que la ligne redevienne un cercle. Cela ne passe pas par le renoncement, mais pas non plus par un simple recyclage. Il ne s'agit pas d'une nouvelle approche de la consommation, mais plutôt de la planification d’une création de valeur à impact positif.

Cela suppose un changement de paradigme: le design durable. Dès la conception d'un service ou d'un produit, il faut intégrer des analyses du cycle de vie des matériaux. Plus encore: lorsque la création de valeur ne consiste plus en un échange manuel de biens, mais en une prestation, le chiffre d'affaires des matériaux devient lui-même un facteur de coût : lorsque les clients n'achètent plus des machines, mais leur prestation, le fabricant de machines a lui-même intérêt à ce que les machines aient la plus longue durée de vie possible: elles augmentent son bénéfice. Le travail reprend de la valeur par rapport aux matières premières, à l'énergie et à la mobilité.

C'est pourquoi le recyclage n'est pas la solution, mais tout au plus une étape intermédiaire sur la voie de l'économie circulaire. Car aujourd'hui déjà, le traitement de certaines substances est plus nocif pour l'environnement que l'extraction de la matière première.

Toutefois, l'économie circulaire ne concerne pas seulement la protection de l'environnement, mais aussi la durabilité au sens large. Le bien-être des personnes impliquées en fait partie: la S-LCA permet de mesurer l'impact social des activités. L'empreinte sociale s'ajoute à l'empreinte écologique d'une activité.

En tenant compte des deux, on crée des prestations et des produits durables, plus sains et plus respectueux de l'homme. Nous devrions commencer par là. Maintenant.

Claire-Lise Rimaz
Codirectrice
Swiss Leaders