Inspiration ⇨ Le bénévolat, c’est du passé

28.04.2020
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Il en va de la «durabilité» comme de la «liberté» ou de la «démocratie»: on ne peut pas être contre. Et pourtant, on entend des arguments comme: «seul-e, je ne peux rien faire, les autres doivent aussi contribuer.» En tant qu’entreprise, nous ne pouvons gagner si les autres acteurs du marché n’y mettent pas aussi du leur. Et la petite Suisse ne peut pas sauver le monde à elle seule. Nous nous en sortons bien et sommes libres de toute responsabilité.

Vraiment?

La durabilité peut être considérée en économie comme un «bien commun»: tout le monde en profite, mais doit aussi fournir une contribution. La plupart des gens se mettent à agir en supposant que les autres suivront. Mais il y a toujours des parasites qui ne recherchent que leur bien-être, au détriment des autres. Et dès que nous en repérons, nous refu-sons nous aussi de contribuer, car «nous ne sommes tout de même pas stupides».

Les économistes comportementaux parlent dans ce cas de «coopération conditionnelle». Elle perdure tant que deux conditions sont remplies:

1. Le bien commun (ici la «durabilité») est une norme sociétale établie.

2. Les parasites sont immédiatement sanctionnés par la société.

Dans le débat public, de nouvelles normes sociétales s’établissent dans une certaine mesure sur la ques-tion climatique – exprimées par exemple à travers le «flygskam», la honte de prendre l’avion, ou la pres-sion psychologique poussant à conduire un véhicule électrique. Mais tant que la première condition n’est pas entièrement remplie, les sanctions – même objectivement fondées – sont perçues comme illé-gitimes, voire injustes.

Lentement, mais sûrement, ces nouvelles normes sociétales deviennent toutefois manifestes pour les entreprises. Le législateur multiplie les exigences, tandis que les revendications des clients commer-ciaux et des investisseurs importants se font plus fortes. Pour ces deux groupes d’acteurs, il y a transi-tion entre un marché de niche et le mainstream. Les entreprises qui ne peuvent attester d’un certain niveau de durabilité perdent d’importants clients ou actionnaires.

C’est la sanction infligée par le marché des biens et services ou par le marché des capitaux. Le temps du bénévolat est révolu, et c’est une bonne chose.

La durabilité peut être considérée en économie comme un ‘bien commun’: tout le monde en profite, mais doit aussi fournir une contribution. 

Thomas Scheiwiller
Conseiller indépendant en Sustainability, Integrity, Governance et Compliance pour les entreprises internationales