Le grand frère du télétravail: le «workation»

C. a démissionné: à plus de 30 ans, après six années dans l’entreprise, elle souhaite découvrir le monde. Bien qu’il comprenne parfaitement ses motivations, pour B., son supérieur hiérarchique, c’est un coup dur alors que la pénurie de main-d’œuvre qualifiée se fait grandement sentir. Grâce à son vécu, B. sait qu’une expérience à l’étranger est probablement la meilleure de toutes les formations.

Alors que le confinement a démontré qu’une présence au bureau n’est pas nécessaire pour garantir la productivité, une enquête du cabinet Deloitte révèle qu’en Suisse, près de 1,5 million des employés continueront de travailler, au moins en partie, à domicile. Cette réalité ouvre de nouvelles possibilités. Si je peux accomplir une tâche depuis mon domicile, pourquoi ne pourrais-je pas l’accomplir depuis l’étranger?

«Workation», combinaison des mots anglais «work» (travail) et «vacation» (vacances), signifie bien plus que «travail pendant les vacances». Il faut parfois laver ses vêtements et, à l’ère des vidéoconférences, se résoudre à aller chez le coiffeur de temps en temps. Il est donc inévitable de s’intégrer dans son nouvel environnement. Pour Pamela Aeschlimann, de pack & work: «Du ticket de bus à la boîte de muesli, chaque choix est une nouvelle décision réfléchie. Et c’est précisément là que commence la transformation personnelle.» En travaillant loin de chez soi, les échecs à surmonter sont forcément nombreux. Mais comme se souvient Stefan, un ancien «pack & worker», «On s’adapte chaque jour un peu mieux à son nouvel environnement, et chaque petite victoire quotidienne nous rend fiers!»

En cas de télétravail depuis l’étranger, quatre éléments importants doivent être pris en considération: les visas, les impôts, la sécurité sociale et le droit du travail. Alors que pour un travailleur indépendant, le non-­respect de ces aspects peut, dans le pire des cas, entraîner une amende et une expulsion du territoire, il peut occasionner des coûts élevés et une atteinte à la réputation pour un employeur de renom. En garantissant des conditions sérieuses de télétravail à l’étranger, les prestataires, tel que pack & work, déchargent les employeurs de toutes les tâches administratives. L’objectif est que le personnel puisse acquérir de nouvelles expériences dans son travail, sans pour autant quitter l’employeur. Les coûts peuvent être partagés, par exemple dans le cadre d’une convention de formation continue.

«Les employeurs, en particulier, ont jusqu’à présent misé sur des séjours linguistiques courts mais intensifs. L’objectif était d’amener rapidement le personnel à un certain niveau sans devoir se passer trop longtemps d’eux.», explique Tina Markutt, responsable d’équipe chez Linguista Sprachaufenthalte, société spécialisée dans les séjours linguistiques. De nombreux «pack & workers» fréquentent une école de ­langues en parallèle et les rencontres régulières avec la classe et avec une famille d’accueil facilitent les ­premiers pas dans l’aventure.

pack & work et Linguista Sprachaufenthalte voient cette combinaison comme un gros avantage, raison pour laquelle les deux entreprises collaborent. Non seulement l’expérience quotidienne accroît l’intensité et l’efficacité du séjour linguistique. Mais en plus, les employeurs peuvent continuer à compter sur les prestations de leur personnel, parfois même à hauteur de 100% selon le cours de langue. L’aspect perfectionnement linguistique peut en outre être renforcé par des cours de langue spécialisés (affaires courantes, vente, marketing, excellence des services, droit, ­finance, RH, etc.) en fonction de l’orientation professionnelle ou encore par l’obtention d’un diplôme de langue reconnu.

Dans le cas de B. et C., la possibilité du «workation» a été une véritable aubaine. C. a retiré sa démission et a temporairement transféré son lieu de télétravail à l’étranger: trois mois à Malte, puis trois autres au ­Canada. A Malte, C. télétravaille à 50% tout en fréquentant une école de langue. Elle reste ainsi dans l’entreprise et bénéficie d’un revenu sûr tout en ayant suffisamment de liberté pour découvrir son nouveau cadre de vie et profiter des divers atouts de la région. Son supérieur, lui, évite la recherche et l’intégration coûteuse et chronophage d’un nouveau collaborateur. Au retour de C., il profitera des ses nouvelles expériences et compétences: elle parlera couramment anglais et se sera considérablement améliorée dans de nombreux et importants soft skills.